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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 20:50

http://www.ec-maillaude.ac-aix-marseille.fr/webphp/photo/diaporama/ecolier.jpg

 

Loin du beau parapluie que l'Education nationale ouvre à chaque fois que, par malheur, l'un de ses enseignants se suicide et qui vise à se disculper (ce fut encore le cas il y a quelques mois lorsqu'une enseignante de lycée s'immola par le feu sur son lieu de travail, geste oh combien fort et symbolique !), un récent rapport vient confirmer qu'un prof sur sept est au bout du rouleau: 14% se disent totalement épuisés et un quart en tension au travail.


Ce "burn-out" a de multiples causes dont la première et pas la moindre est la façon constante dont, depuis plus de quinze ans (depuis Claude Allègre et Ségolène Royal), ceux qui nous dirigent ont systématiquement dénigré les enseignants: de leur responsabilité dans l'illetrisme à celui dans le non-enseignement de la Shoah (accusation infâme pour qui connait les programmes), en passant par leur laxisme responsable des problèmes de discipline dans les établissements scolaires, tout y est passé. Tout était bon pour les faire passer pour des incompétents et des incapables afin d'obtenir l'appui de l'opinion publique dans la lutte contre ces fainéants, pédophiles en puissance (obsession personnelle de Madame Royal), toujours en vacances. Il s'agissait ainsi d'utiliser ces vieux clichés afin que l'opinion applaudisse à la suppression massive des postes dans l'Education.

 

Pire, un syndicat d'enseignant, l'UNSA qui peuple le ministère de l'Education depuis les années 50 au moins, où il promeut toujours les mêmes utopies qui chaque fois qu'elles ont été mises en application, ont provoqué des catastrophes (la fin des disciplines d'enseignement, l'inter-disciplinarité, la primarisation de la 6ème, la suppression de la notation "traumatisante", la fin de la dictée, l'orthographe, science des ânes, la dénonciation d'une mythique "constante macabre", les droits des élèves, l'interdiction de donner des lignes de copies en punition, les nouvelles technologies, panacée aux difficultés des élèves...) s'est fait le grand complice de cette politique, sous prétexte de réforme. Ce syndicat a fait beaucoup de mal à l'éducation et continue à en faire grâce à la complicité de ministres trop heureux de trouver des collabos pour les aider à réduire des postes.


Sauf que, sur le terrain, le résultat est terrible:

- alors que les élèves sont de moins en moins éduqués à la vie en collectivité et que les santionner est presque vu comme un crime, on les entasse de plus en plus nombreux dans des classes surchargées au point d'user nerveusement nombre de profs,

- les parents, encouragés par le discours anti-prof des différents gouvernements de gauche comme de droite, contestent de plus en plus les sanctions, les méthodes pédagogiques employées, les notes. Maintenant, les profs sont même accusés de pomper leur devoirs sur le net et de donner, en plus, des exercices trop difficiles, voire de ne pas faire telle ou telle partie du programme, alors que ce même programme précise qu'il ne faut traiter que trois des cinq thèmes de telle ou telle partie, et ils n'hésitent même plus à vous poursuivre jusque dans votre vie privée, via les adresses courriels académiques que tout enseignant possède ou à vous téléphoner si par malheur vous n'êtes pas en liste rouge,

- le forcing pour l'usage des nouvelles technologies a été fait en dépit du bon sens: équipement fait de façon non-rationnelle, le cahier de texte devenu numérique alors qu'on ne dispose même pas de connection au net dans les salles (et toutes n'ont pas d'ordi de toute façon), la multiplication des outils divers et variés pour rentrer les notes d'un côté, les compétences 6ème de l'autre, les compétences des autres niveaux, encore d'un autre ... tout cela mange désormais un temps considérable à remplir, au détriment des vraies activités qui devraient être celles des profs: préparer des cours, des contrôles, corriger, se documenter pour rester au courant des dernières avancées de sa discipline ...

- la multiplication des "dys", la plus belle connerie de ces dernières décennies: un môme ne réussit pas; parents, rassurez-vous, il est "dys" et voila nos braves enseignants priés d'adapter les contrôles spécialement pour eux, de truquer les chiffres ... pour faire croire, contre toute évidence, que "le petit" est un brillant sujet. Des vrais "dys", il y en a, et le nier serait vain, mais il y a un certain nombre de professionnnels de santé qui, par peur des parents, n'osent pas dire qu'ils ne souffrent de rien que de fainéantise et inventent un handicap qui, dans la réalité, n'existe pas. Evidemment, l'UNSA cautionne, puisque, pour lui, "il n'y a pas de mauvais élèves, juste de mauvais enseignants"

- des enseignants de plus en plus gérés comme du bétail humain, en fonction des postes supprimés, des heures à faire à droite et à gauche sur des postes distants parfois d'une centaine de km ...

 

Face à cela, la réponse des gouvernants et des candidats à la présidentielle est totalement à côté de la plaque:

- dévalorisation des diplômes pour être enseignants puisque qu'un type recruté à pôle-emploi est capable de faire aussi bien et pour beaucoup moins cher

- volonté d'accroitre encore la présence des enseignants sur leur lieux de travail alors, qu'au contraire, il faudrait les en libérer pour leur permettre de respirer,

- négation de leur boulot en dehors des salles de classe, puisqu'on veut les surcharger de tâches de tutorat, d'aide aux devoirs ...

- tâches de plus en plus annexes qui n'ont rien à voir avec leur boulot, au risque de provoquer une catastrophe: psys, assistants sociaux,

- recul de l'âge de départ à la retraite,

- médecine du travail inexistante (une seule visite médicale au moment de la titularisation, et c'est tout !)

 

A promouvoir comme le proposent tous les candidats, un management à la France Telecom, à vouloir alourdir encore plus la charge de travail, on ne provoque qu'une chose: le dégoût, le découragement, la dépression, le suicide.

 Sarkozy et Hollande pour ne citer qu'eux, ne l'ont toujours pas compris et la lecture de leurs projets pour l'école ne peut que susciter l'inquiétude le plus vive sur les répercussions sur la santé et le moral enseignants: ce n'est pas en leur demandant encore plus de présence, plus de sacrifices, tout en bloquant les salaires et les promotions d'échelons à l'ancienneté qu'on va résoudre la profonde crise morale que les enseignants traversent, au contraire.

C'est comme administrer un virus à un malade déjà affaibli par une précédente maladie.

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commentaires

C
Bravo pour ce article que je vais partager sur mon mur FB.
Répondre
I
<br /> <br /> Pas sûr qu'il rencontre beaucoup d'échos.<br /> <br /> <br /> <br />

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