
Même si elle est dubitative sur bien des actions de Guy Mollet à la tête du gouvernement le plus long de la IVème République (février 1956 - mai 1957), Georgette Elgey dit avoir éprouvé une réelle sympathie pour l'homme auquel elle consacre de très nombreuses lignes, livrant quelques anecdotes au passage.
Fils d'un ouvrier tisserand et d'une femme de ménage et concierge dont l'appartement était situé dans une cave, elle est, par exemple, très frappée par sa dévotion filiale qui l'amène à préciser dans le Who's Who qu'il a une collection de poupées. "Parce que sa mère avait toujours regretté de ne pas en posséder, il les accumula sa vie durant, rapportant de chaque voyage à l'étranger, même officiel, un spécimen local".
De même est-elle très frappée par la modestie conservée par sa famille et lui-même, même parvenu aux plus hauts sommets. Ainsi, "Sa femme, ses deux filles et lui vivent au dernier étage d'un immeuble très modeste d'Arras. Et lorsque, président du Conseil, il décide de l'installation d'une salle de bains, l'exigüité de l'appartement exige qu'elle soit placée sur le palier, devenant ainsi le lieu de passage incontournable pour tout visiteur." D'ailleurs, sa femme et sa mère, invitées à Rambouillet en 1956 furent tellement gênées et mal à l'aise face aux ors déployés par la République, que jamais plus ni l'une, ni l'autre, n'accepteront plus de franchir le seuil d'un palais officiel s'il faut en croire l'auteur.
Enfin, elle révèle qu'il a failli coller une baffe magistrale à Hubert Beuve-Méry, directeur du Monde: c'était en décembre 1956 et Guy Mollet présidait un arbre Noël pour les enfants algériens. D'après Jacques Piette, interrogé par Georgette Elgey, Beuve-Méry, s'approche alors de Guy Mollet et lui reproche de s'occuper des enfants algériens mais de tuer leurs pères. "J'ai vu la main du président du Conseil se lever, je n'ai eu que le temps de m'interposer."