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28 décembre 2014 7 28 /12 /décembre /2014 15:34

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Que l'on se rassure, Son Altesse Sérénissime le Prince Albert de Monaco n'a pas encore perdu la tête et cela n'a pas trait non plus à sa passion pour les sports olympiques et le bobsleigh en particulier. Il s'agit plus simplement d'évoquer ici les apparitions officielles du Prince sur les timbres de la poste monégasque.

 

La toute première fois que Son Altesse, encore prince héritier figura sur un timbre de la Principauté, ce fut en 1958, l'année de sa naissance, dans les bras de la princesse Grace.

 

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Puis, on le retrouve, à nouveau, en 1963, avec sa soeur Caroline, pour célébrer l'adoption de la Charte des Enfants par l'ONU.

 

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En 1966 - notons la précocité - le Prince s'envoie déjà en l'air avec ses soeurs et sa mère. C'est du joli !(Timbre de la Poste aérienne pour l'anniversaire de la Princesse Stéphanie)

 

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 On le retrouve ensuite en 1979, pour ses 21 ans; l'occasion de rappeler qu'Albert de Monaco n'a pas toujours eu le cheveu rare.

 

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Il est, à nouveau, "timbrifié" entre 1981 et 1988, aux côtés du Prince Rainier, son père, avant qu'en 1989, Rainier ne réapparaisse seul pour le quarantième anniversaire de son avénement.

 

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Il réapparait, beaucoup plus dégarni déjà, en 1995 pour un timbre célébrant le trente-cinquième festival de télévision de Monaco.

 

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Ensuite, nous le retrouvons en 1998, aux côtés de son père, pour un timbre célébrant la fête nationale monégasque, le 19 novembre.

 

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En 2001, on semble l'apercevoir, toujours avec son père, à l'occasion de la trente-sixième Commission internationale pour l'exploration scientifique de la Méditerranée.

 

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En 2005, au grand désespoir du Prince Charles d'Angleterre, Albert devient calife à la place du calife - bon, on ne peut pas dire que cette première série de timbres comme Altesse Sérénissime soit des plus réussies.

 

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Du coup, l'année suivante, en 2006, on préfère le profil au portrait de face et la photographie en costume d'apparat.

 

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2008, Année polaire internationale, nous offre Albert en super-sportif de tous les temps, dans une vision assez "poutinesque" à vrai dire,

 

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avant de revenir à des versions plus classiques en 2009 (série courante + timbre MonacoPhil)

 

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En 2011, Albert joue à la "Bonne paye" et... se marie !

 

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En 2012, on renouvelle la série courante - Non, che n'est pas chanché ...

 

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En 2013, chouette, MonacoPhil, LE RETOUR !

 

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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 14:01

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L'insolite du jour est destiné à certains de mes lecteurs passionnés par l'art culinaire et vise à leur faire connaître une spécialité locale peu connue: la moutarde de Reims.

 

On le sait peu, mais la moutarde a longtemps été abondamment cultivée en Champagne jusqu'au XIXème S., notamment en Haute-Marne et dans la région de Langres.

Cette culture avait entraîné l'essor d'un certain nombre de vinaigreries et de moutarderies, comme par exemple à Reims et à Chalons-sur-Marne, qui rivalisèrent avec Dijon, jusqu'à ce que l'abandon de cette culture et la fermeture des vinaigreries, à la fin du XIXème et au début du XXème, ne vienne mettre fin à l'abondante production de moutarde de Reims.

 

Aujourd'hui, seule la fabrique Charbonneaux-Brabant, qui existe depuis 1797, continue à fabriquer et à commercialiser le vinaigre et la moutarde de Reims sous la marque Clovis.

 

Cette moutarde de Reims (il en existe aussi une version à l'ancienne), dont les graines sont aujourd'hui originaires du Canada, est une moutarde brune, de couleur jaune paille prononcée, élaborée à partir du vinaigre de vin blanc de Champagne et de vins de dégorgement issus de la fabrication du Champagne, ce qui explique son goût légèrement vinique qui convient aussi bien à l'assaisonnement des viandes qu'à la réalisation de sauces vinaigrées.


 

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 16:42

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(Mary Curtis Lee en 1914)

 

L'insolite du jour nous vient des Etats-Unis.

Le 13 juin 1902, une vieille femme blanche de 67 ans, accompagnée d'une domestique noire et de lourds bagages, monte dans un tramway d'Alexandria et s'installe dans le compartiment réservé aux personnes de couleurs.

Invitée par deux fois, par le chauffeur, à gagner les places réservées aux blancs, puisqu'une récente loi impose la ségrégation raciale dans les transports en commun de Virginie, elle refuse catégoriquement et est arrêtée quelques stations plus loin.

Cet incident n'aurait pourtant rien que de très banal - il valut à la vieille femme en question d'être condamnée à payer une amende -, si elle ne s'était appelée Mary Curtis Lee et n'avait été l'une des filles du célèbre général confédéré Robert Edward Lee, ce qui lui donna une certaine audience au point qu'elle reçut ensuite des lettres de félicitations pour son geste qui fut interprété par certains comme une prise de position contre la ségrégation raciale.

Pourtant, encore aujourd'hui, on ne sait pas quelles furent les raisons qui ont motivé son geste car l'intéressée ne s'est jamais vraiment expliquée à ce sujet: Méconnaissance des lois, comme il a été dit à l'époque ? Habitude de voyager avec sa domestique ? Volonté de ne pas gêner les autres avec ses encombrants bagages ou volonté de défier la loi ?

Peut-être un peu de tout cela à la fois. Une de ses biographes évoque aussi une hypothèse fort valable, l'idée que la vieille femme ayant l'habitude de vivre au milieu des noirs comme aux temps de l'esclavage a préféré ignorer une loi qui dérangeait ses habitudes, tout simplement.

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30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 20:00

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Le 31 juillet 1914, paraissait dans l'Humanité, ce qui serait le dernier édito de Jaurès puisque chacun sait quel tragique destin l'attendait ce même 31 juillet.

Paru sous le titre "Sang-Froid Nécessaire", il semblait croire encore en une entente et une paix possibles entre les Etats en conflit, appelait les peuples et les gouvernements au calme et à la raison en évoquant les affres de la guerre, et croire en la capacité des leaders socialistes à éveiller suffisamment la conscience des masses ouvrières pour qu'elle pèse en faveur de la paix.

 

 

" Que l’on mette si l’on veut les choses au pire, qu’on prenne en vue des plus formidables hypothèses les précautions nécessaires, mais de grâce qu’on garde partout la lucidité de l’esprit et la fermeté de raison. A en juger par tous les éléments connus, il ne semble pas que la situation internationale soit désespérée. Elle est grave à coup sûr, mais toute chance d’arrangement pacifique n’a pas disparu. D’une part il est évident que si l’Allemagne avait eu le dessein de nous attaquer, elle aurait procédé selon la fameuse attaque brusquée. Elle a au contraire laissé passer les jours et la France comme la Russie ont pu mettre à profit ce délai, l’une, la Russie, pour procéder à une mobilisation partielle, l’autre, la France, pour prendre toutes les précautions compatibles avec le maintien de la paix.

 

D’autre part, l’Autriche et la Russie sont entrées en négociations directes. La Russie demande à l’Autriche quel traitement elle réserve à la Serbie. L’Autriche a répondu qu’elle respecterait « son intégrité territoriale ». La Russie estime que ce n’est pas assez, qu’il faut en outre que « les droits de souveraineté de la Serbie soient garantis ».

 

La conversation est engagée. Même si un désaccord se précise entre les vues de l’Autriche et celles de la Russie, on pourra mesurer l’écart des idées et s’employer à la solution d’un problème dont les données seront déterminées. C’est alors, semble-t-il, que pourra intervenir cette pensée médiatrice de l’Angleterre qui cherche sa forme, ses moyens d’expression, mais qui finira bien par prévaloir, car elle répond au sentiment profond des peuples, et sans doute au désir même des gouvernements qui sentent monter en eux, comme un châtiment, ce péril de guerre avec lequel un moment ils avaient cru jouer comme avec un instrument diplomatique.

 

Et si l’on juge de ce que serait la guerre elle-même et des effets qu’elle produirait par la panique, les sinistres rumeurs, les embarras économiques, les difficultés monétaires et les désastres financiers que déchaîne la seule possibilité du conflit, si l’on songe que dès maintenant il faut ajourner les règlements d’échéance et se préparer à décréter le cours forcé des billets de banque, on se demande si les plus fous ou les plus scélérats des hommes sont capables d’ouvrir une pareille crise.

 

Le plus grand danger à l’heure actuelle n’est pas, si je puis dire, dans les événements eux-mêmes. Il n’est même pas dans les dispositions réelles des chancelleries si coupables qu’elles puissent être ; il n’est pas dans la volonté réelle des peuples ; il est dans l’énervement qui gagne, dans l’inquiétude qui se propage, dans les impulsions subites qui naissent de la peur, de l’incertitude aiguë, de l’anxiété prolongée. A ces paniques folles les foules peuvent céder et il n’est pas sûr que les gouvernements n’y cèdent pas. Ils passent leur temps (délicieux emploi) à s’effrayer les uns les autres et à se rassurer les uns les autres. Et cela, qu’on ne s’y trompe pas, peut durer des semaines. Ceux qui s’imaginent que la crise diplomatique peut être et doit être résolue en quelques jours se trompent. De même que les batailles de la guerre moderne, se développant sur un front immense, durent sept ou huit jours, de même les batailles diplomatiques, mettant maintenant en jeu toute une Europe et un appareil formidable et multiple de nations puissantes, s’étendent nécessairement sur plusieurs semaines. Pour résister à l’épreuve, il faut aux hommes des nerfs d’acier ou plutôt il leur faut une raison ferme, claire et calme. C’est à l’intelligence du peuple, c’est à sa pensée que nous devons aujourd’hui faire appel si nous voulons qu’il puisse rester maître de soi, refouler les paniques, dominer les énervements et surveiller la marche des hommes et des choses, pour écarter de la race humaine l’horreur de la guerre.

 

Le péril est grand, mais il n’est pas invincible si nous gardons la clarté de l’esprit, la fermeté du vouloir, si nous savons avoir à la fois l’héroïsme de la patience et l’héroïsme de l’action. La vue nette du devoir nous donnera la force de le remplir.

 

Tous les militants socialistes inscrits à la Fédération de la Seine sont convoqué dimanche matin, salle Wagram, à une réunion où sera exposée la situation internationale, où sera définie l’action que l’Internationale attend de nous. Des réunions multipliées tiendront en action la pensée et la volonté du prolétariat et prépareront la manifestation assurément magnifique qui préludera aux travaux du Congrès international. Ce qui importe avant tout, c’est la continuité de l’action, c’est le perpétuel éveil de la pensée et de la conscience ouvrières. Là est la vraie sauvegarde. Là est la garantie de l’avenir ".

 

Jean Jaurès, l'Humanité du 31 juillet 1914

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14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 17:54

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/eb/Com%C3%A9die_Fran%C3%A7aise_colonnes.jpg/1280px-Com%C3%A9die_Fran%C3%A7aise_colonnes.jpg

 

Dans le numéro du 15 janvier 1915 de la Revue des deux mondes, le journaliste et critique de théâtre, René Doumic, par ailleurs académicien, consacre un article à la réouverture des théâtres qui étaient restés fermés depuis août 1914.

Après le constat de départ et un discours très convenu sur les raisons morales de cette suspension, et avant un très très long exposé sur les vertus du théâtre de Corneille, il nous livre les difficultés matérielles auxquelles les théâtres furent, en réalité, confrontés avant de conclure sur des signes d'espoir.

 

" La déclaration de guerre avait eu pour effet immédiat de fermer les quelques scènes parisiennes qui continuent à donner des représentations en été. Depuis lors, la guerre s'est prolongée, beaucoup de ceux qui avaient quitté Paris y sont rentrés, tout le monde a fait un louable effort pour reprendre, dans la mesure du possible, son activité ordinaire. Les théâtres ont été autorisés à rouvrir, sous le contrôle de deux ou trois censeurs. Ils ont été à peu près unanimes à ne faire de la permission qui leur été octroyée aucun usage. Ni le Vaudeville, ni le Gymnase, ni aucun des théâtres de genre classés n'en ont profité. Des deux théâtres de déclamation subventionnés, seule la Comédie-Française a, non pas ouvert, mais entr'ouvert ses portes. Ici ou là on annonce une série de représentations sans lendemain. Ailleurs, on organise des matinées dites nationales, avec récitations et allocutions patriotiques. Ailleurs, on donne, au bénéfice de quelque oeuvre de secours militaire ou d'assistance sociale, des spectacles coupés. En somme, un minimum de vie théâtrale. Et c'est encore un des aspects particuliers à cette guerre qui ne ressemble à aucune autre (...): pour la première fois nous assistons au chomâge à peu près complet de nos théâtres.


Suit alors l'exposé des causes morales, puis

 

D'autre part, le théâtre est étroitement dépendant des sujétions matérielles. La moindre représentation exige non seulement une troupe d'acteurs exercés, mais tout un bataillon de comparses, figurans (sic), machinistes, accessoiristes, électriciens. La plupart ont été mobilisés: il ne reste que des équipes désorganisées, réduites aux élémens (sic) les moins jeunes et les moins actifs. Avec le développement qu'a pris la mise en scène, depuis quelques temps, l'industrie du théâtre est devenue très coûteuse, et chaque soirée entraîne des frais considérables: le directeur ne se soucie pas d'engager des dépenses qu'il n'est nullement assuré de couvrir. Quant aux spectateurs, dont les revenus sont diminués, et qui ont déjà beaucoup de peine à faire face aux dépenses de première nécessité, ils hésitent à grever encore leur budget, en y ajoutant des dépenses de luxe; et on sait quels prix, d'ailleurs insensés, avaient atteints aux dernières nouvelles les places de théâtre. Ajoutez que, le soir, les rues sont à peine éclairées et les moyens de communication font complètement défaut. Les autobus sont partis, pour servir au ravitaillement des troupes; il paraît même qu'ils s'acquittent de cette fonction à ravir et qu'ils y ont trouvé l'emploi qui leur convient le mieux. Les taxis-autos ont été, pour la plupart, réquisitionnés. Les fiacres eux-mêmes manquent de chevaux. Ni tramways ni métro ne marchent à l'heure de sortie des théâtres. Plutôt que de traverser, à pied, un Paris plongé dans l'obscurité, on préfère rester chez soi. C'est pourquoi tout se réduit à quelques matinées où le public, - qui s'y presse, - est composé, en majeure partie de jeunes gens. Dans ces matinées, - je songe surtout à celles de la Comédie-Française, - les seules pièces qu'on se soit aventuré à donner sont celles qui, du Cid à la Fille de Roland, représentent chez nous la tradition du drame héroïque. On les a écoutées avec ferveur, on les a acclamées. Les vieux chefs-d'oeuvre ont été au coeur des Français d'aujourd'hui, qui y reconnaissaient leurs propres sentimens (sic): le spectacle étant dans la salle, autant que sur la scène.


(...)


Les théâtres devront-ils en rester là ? Je ne le crois pas. On nous a déjà fait savoir que le gouvernement s'est préoccupé d'assigner à M. Albert Carré un poste qui lui permît de concilier son devoir militaire avec l'administration de la Comédie-Française. (...) Il est nécessaire en effet de donner aux esprits un peu de détente. (...) Puisque nous avons encore devant nous de longs jours d'épreuves et puisqu'il nous faut faire provision de courage et de patience, le meilleur moyen n'est-il pas d'offrir à l'imagination quelque aliment ? Le besoin s'en fait sentir dans toutes les classes sociales et plus particulièrement dans le peuple. Pourquoi n'organiserait-on pas pour lui des représentations à bon marché ?Nous en profiterions tous. Le théâtre est devenu trop dépendant des luxueuses mises en scène; il s'encombre et s'embarrasse de toute sorte d'accessoires inutiles qui entravent sa marche: qu'il revienne au système d'antan, qui était le bon: quatre fauteuils sous un lustre. L'hiver dernier, un petit théâtre, ayant résolument rompu avec tout l'aria de la mise en scène moderne, et remplacé les décors coûteux par une toile de fond, de sujet vague et de couleur neutre, tout Paris courut à la salle du Vieux-Colombier. Que des troupes de bonne volonté s'improvisent, qu'elles remplacent tout ce qui leur manquera par beaucoup de cordialité: je ne prédis par seulement le succès, je leur donne l'assurance qu'elles nous rendront de grands services. Elles contribueront à soutenir notre moral.

 

Enfin, il appelle à jouer des pièces autre qu'héroïques: Molière, Regnard, Beaumarchais, Emile Augier, avant de terminer par l'inévitable couplet patriotique.

 

Raviver notre tradition littéraire, c'est encore faire oeuvre de défense nationale. Car cela aussi l'ennemi l'a attaqué et menacé de destruction. Et c'est aussi pour nous conserver cette partie du patrimoine sacré que se battent nos soldats ".

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29 décembre 2013 7 29 /12 /décembre /2013 12:18

Aujourd'hui, la rubrique des insolites s'enrichit d'un article du Petit Parisien du vendredi 05 décembre 1913, signé Jean Frollo, paru sous le titre: " Un homme femme"; un article qui évoque ce singulier personnage que fut le chevalier de Fréminville.

On laissera, néanmoins, chacun faire la part des choses entre ce qui semble vrai, ce qui ressort de l'imagination du chevalier et ce qui ressort de celle du journaliste.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9e/Christophe-Paulin_de_la_Poix_de_Fr%C3%A9minville.jpg

 

" C'est assurément une histoire des plus singulières que celle de ce faux jeune vagabond, arrêté par la police angevine, et qui se trouve être une femme; mais, en réalité, l'aventure n'est pas nouvelle. Les hommes vêtus en femmes, les femmes habillées en hommes ne se comptent plus. Qui ne connait la chevalière d'Eon, Mlle Savalette de Lange, les femmes soldats de la Révolution et de l'Empire ? Peut-être, cependant, n'a-t-on pas entendu parler aussi souvent de M. de Fréminville, dont M. Herpin a publié les Mémoires, et qui fut, vers la fin de la Restauration, un des originaux, une des curiosités de la ville de Brest.

Si vous aviez habité Brest en ce temps-là, vous vous seriez fait une joie de regarder et d'admirer, à la promenade, au spectacle, dans les réunions mondaines, la chevalière de Fréminville, qu'on nommait aussi familièrement Mlle Pauline. C'était vraiment une adorable femme, un peu sur le retour, mais charmante et gracieuse, au visage si fin et si distingué, aux allures si élégantes, aux mouvements si souples et délicieux qu'on oubliait son âge possible, pour ne plus songer qu'à celui qu'elle semblait avoir.

Positivement, la chevalière de Fréminville, qu'on entourait d'ailleurs du plus grand respect, donnait le ton à la ville. On copiait ses toilettes, toujours exquises et toujours imprévues. Quand elle paraissait dans un salon, vêtue d'une robe de soie à ramages, coiffée d'un chapeau à la maréchale, avec une mouche assassine au coin de la lèvre, on eût dit une image parfaire du passé, descendue de son cadre d'or et se mêlant à la foule des vivants.

Elle eut aussi, pour aller au théâtre de Brest, une certaine robe de popeline jaune serin, garnie d'un double rang de volants brodés de soie noire, qui révolutionna le monde féminin. Ce fut un cri d'admiration, quand on la rencontra, se promenant avec mélancolie au Jardin Botanique, portant une légère et jolie jupe de mousseline blanche, et coiffée d'une capote en blonde garnie de jacinthes bleues.Rien n'était d'un meilleur goût que ses souliers de prunelle, ses chapeaux de paille de riz et ses écharpes de guipure. Tout Brest chérissait Pauline de Fréminville, et l'on appréciait aussi en elle, ou plutôt en lui, le savant collectionneur.

 

Car Mlle de Fréminville était un homme, un homme excellent et parfait, dont chacun célébrait les mérites, qu'aucune calomnie n'effleurait, et qui vivait, solitaire, dans la maison de la rue Royale dont il occupait le deuxième étage. C'est là qu'il avait entassé sa riche et belle collection de singes, de serpents, de vieilles armes, de bijoux exotiques, de parures sauvages, de tout ce qu'il avait ramené de ses longs voyages autour du monde, alors qu'il était officier de marine.

De cette collection, le chevalier de Fréminville ne refusait l'entrée à personne, et lui-même, dans ses atours féminins, en faisait les honneurs aux visiteurs, et ceux-ci, à leur tour, pour ne pas manquer aux égards qu'ils devaient à ce délicat original, ne manquaient pas, en lui parlant, de l'appeler "mademoiselle Pauline", et ceci paraissait lui causer un plaisir inouï. Du reste, pas la moindre marque de dérangement cérébral chez cet excentrique calme et pondéré, dont la conversation, pleine de souvenirs, d'anecdotes, de détails piquants, offrait un charme inexprimable, même à une époque où tout le monde savait encore causer.

Il avait énormément vu. A quatorze ans, en 1801, son père, cédant à ses instances, l'avait emmené de Vitry-sur-Seine, lieu de sa naissance, au camp de Boulogne, afin de le présenter en qualité d'apprenti marin à son ami l'amiral de La Touche-Tréville. Celui-ci, immédiatement, embarqua le gamin sur l'Etna, et, la nuit suivante, le petit Fréminville eut à se battre contre les Anglais. Il montra une bravoure de lion, durant quatre heures, et fut même sur le point d'être tué par un grand et fort ennemi dont il se débarrassa en lui coupant le poignet d'un coup de hache.

C'était un fameux début pour un enfant de quatorze ans. Aussi, peu de temps après, le Premier Consul étant venu à passer une revue au camp de Boulogne, on lui montra ce héros, qui ressemblait à une petite fille déguisée en petit garçon. Bonaparte lui ayant demandé son nom, ajouta:

- Vous êtes noble, monsieur ?

- Général, je l'étais, répondit fermement Fréminville; aujourd'hui, je ne le suis plus que de coeur.

Le Consul sourit et tendit la main au valeureux jeune homme.

 

A dater de ce jour, Fréminville courut les mers, rencontrant partout les aventures les plus extraordinaires, desquelles, grâce à son sang-froid égal à sa bravoure, il se tirait toujours heureusement. On le vit à Saint-Domingue, au Spitzberg, au cap de Bonne-Espérance, à Dakar, en bien d'autres pays, et surtout à la Martinique, où il devait connaître l'extrême joie et l'extrême douleur et vivre un roman tragique qui rappelle, par certains côtés, Paul et Virginie.

Traversant une petite rivière pour aller recueillir des coraux, Fréminville, alors officier à bord de la Néréïde, est emporté par le courant, roulé sur des récifs, blessé sur tout le corps et, finalement, sauvé par des nègres et porté dans une habitation voisine, où il reçut les soins les plus tendres de la part d'une divine créole de dix-huit ans, Caroline C..., dont il devint, naturellement, éperdument amoureux. La famille ne voyait point cette passion d'un mauvais oeil, et Caroline n'étant pas insensible à l'amour du marin français, ces jeunes gens furent fiancés.

Sur ces entrefaites, la Néréïde est envoyée en mission. Fréminville rejoint son bord. L'absence dure deux mois. Au retour, passant devant Saint-Pierre, l'amoureux aperçoit, dans la campagne, la maison de celle qu'il adore, mais, avant d'aborder, le navire doit aller jusqu'à Basse-Terre pour renouveler ses munitions. Deux semaines s'écoulent encore. Enfin, c'est le retour définitif, et voici Fréminville courant vers cette demeure chérie où il s'attend à retrouver sa fiancée. La maison est vide et silencieuse. Aux appels de l'arrivant, nul ne répond. Enfin, un nègre se montre, mais, à la vue de l'officier, il se sauve. Fréminville, inquiet, erre dans les environs. Tout à coup, il remarque une tombe fraîchement creusée. Il s'approche et lit sur la croix: Caroline C..., décédée le 30 novembre 1822. Priez pour elle. Il tombe évanoui, et, pendant de longues semaines, en proie à une effroyable fièvre, il demeura entre la vie et la mort.

Voici ce qui s'était passé. Caroline guettait chaque jourle retour de la Néréïde. En voyant reparaître le navire, son coeurbattit violemment. En le voyant s'éloigner, elle crut qu'il partait pour toujours, regagnant la France, et, dans son désespoir, elle alla se précipiter dans la rivière aux brisants, là où celui qu'elle aimait avait failli périr. On ne retrouva son corps que le lendemain. Elle était vêtue d'une robe blancheet serrait encore sur son coeur les lettres de Fréminville.

 

Tel fut le roman de cet homme aimable et charmant, qui réunissait les plus rares qualités de l'esprit et de l'âme. Il demeura fidèle jusqu'à sa denière heure au souvenir de Caroline, vivant au milieu de chers bibelots lui rappelant cette délicieuse fille, et c'était pour s'identifier en quelque sorte avec elle que le chevalier de Fréminville s'habillait en femme, dans la ville où il avait pris sa retraite comme capitaine de frégate.

Pourquoi M. de Fréminville, ce gentilhomme d'une vie si droite et si pure, ce modèle de courtoisie et de dignité se costumait-il en femme ? Il n'était point fou, ce qui eût expliqué son étrange manie. Vainement, parmi la société aristocratique de Brest, on se posa cette question. L'ancien marin gardait jalousement son secret. Il ne l'avait confié qu'à un manuscrit publié par M. Herpin. Mais, à la longue, on renonça à chercher la clé du mystère, on s'habitua à voir la chevalière dans ses fins atours, avec sa jolie figure, à peine flétrie par l'âge, et les femmes prirent modèle sur cette élégante d'un goût si sûr et si raffiné.

Il arriva même que le dépit fut général, le jour où M. de Fréminville, au bout d'une dizaine d'années, reparut soudainement en costume masculin. Son culte pour la mémoire de Caroline était toujours aussi ardent, mais peut-être s'était-il avisé de la puérilité de la manifestation publique qu'il en donnait. Il cessa donc d'être un excentrique, mais, de n'être plus une femme ravissante, cela ne l'empêcha pas de rester un homme agréable et d'infiniment d'esprit." Jean Frollo, Le Petit Parisien, 05 décembre 1913.

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10 octobre 2013 4 10 /10 /octobre /2013 20:19

http://soissons.envole.net/soissons_abbaye_saint_jean_des_vignes/00.jpg

(Ruines de l'abbaye St-Jean-des-Vignes, Soissons)

 

En ce jour-anniversaire de la mort d'Edith Piaf, morte il y a cinquante ans, l'insolite du jour vous présente l'acte de naissance d'Emma Saïd-Ben-Mohamed, la grand-mère maternelle d'Edith Piaf, née à Soissons, dans l'Aisne, en 1876. On peut retrouver son acte de naissance ici (vue 129).

 

Transcription

 

L'an mil huit cent soixante seize, le lundi 11 décembre, à trois heures de relevée, en l'hôtel de la mairie et pardevant nous Marie Pierre Gabriel Etienne Choron, adjoint remplissant , en vertu de la délégation du Maire en date du vingt sept janvier dernier, les fonctions d'officier de l'état civil de la ville de Soissons, chef-lieu d'arrondissement, département de l'aisne, a comparu M. Saïd-Ben-Mohamed, âgé de quarante neuf ans, artiste acrobate en représentation en cette ville, lequel nous a présenté un enfant du sexe féminin, qu'il a déclaré être né en sa voiture stationnée rue de la Paix, hier à onze heures du soir, de lui comparant et de dame Marguerite Biacco, âgée de quarante six ans, son épouse, sans profession; auquel enfant il a déclaré vouloir donner les prénoms d'Emma. Lesdites présentation et déclaration faites en présence de Messieurs Achille Rousselot, âgé de cinquante huit ans, artiste acrobate domicilié à Paris, chaussée Ménilmontant, et Jean-Baptiste Curel, âgé de trente trois ans, cordonnier, domicilié à Grasse (Alpes Maritimes), lesquels ont signé avec nous le présent acte après lecture faite; quant au comparant, il a déclaré ne savoir signer de ce interpellé.

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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 11:06

http://www.paris-album.net/paris/Arrondissement%2005/La-fontaine-St-Michel-Paris0166.jpg

 

" Les habitants de la place St-Michel étaient fort intrigués depuis une quinzaine de jours. Juché au sommet de la statue monumentale de l'Archange terrassant le Dragon, un superbe chat noir somnolait du matin à la nuit.

Quand on l'appelait il ronronnait, faisait le gros dos, promenait sur ses babouines une langue satisfaite, puis se recouchait sur l'épaule de son grand ami, refusant obstinément les boulettes de viande, les débris de gâteaux que lui lançaient des personnes au coeur sensible:

- Cet animal va devenir enragé ou il va mourir de faim, avaient dit tout d'abord les habitants du quartier. Il serait urgent de demander au service des eaux de faire vider le bassin, afin de permettre à la pauvre bête de quitter son refuge.

Puis au bout de quelques jours, quand ils eurent constaté que le chat, loin de dépérir, engraissait et qu'il ne manifestait nulle vélléité de regagner la terre ferme, leurs appréhensions s'évanouirent et, finalement, ils renoncèrent à percer le mystère de la fontaine...

En même temps, il y avait, à quelques pas de là, un homme bien ennuyé. C'était le concierge de l'immeuble situé 4, boulevard Saint-Michel.

Chaque nuit, toutes les victuailles qu'il déposait sur son buffet à étagère disparaissaient. Las de surveiller sans résultat, il se décida à prévenir la police et des inspecteurs de la sûreté, choisis parmi les plus habiles, reçurent mission de déchiffrer cette nouvelle énigme.

Après un minutieux examen des aîtres, voici ce qu'ils découvrirent. Lors de la construction de la fontaine Saint-Michel, on avait pratiqué, dans le corps de l'archange, un étroit passage aboutissant dans la loge du concierge de la maison contigüe à l'édifice, et par lequel auraient pu se glisser, en cas de besoin, les ouvriers chargés d'effectuer les réparations.

Ce couloir était clos par une porte minuscule que le concierge n'avait jamais remarquée et que dissimulait, d'ailleurs, son buffet. On devine le reste. Malin comme tous ses congénères, le Raminagrobis de la fontaine Saint-Michel avait trouvé le moyen de s'introduire par le trou dans le buffet. C'est pourquoi il n'avait jamais faim.

Bon prince, le concierge lui a pardonné et même il a fait savoir à la Société protectrice des animaux qu'il adoptait le voleur.

Tout est bien..."

 

Histoire rapportée par le Petit Parisien du 15 juin 1913, elle me semble néanmoins peu crédible.

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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 11:18

La catastrophe du Titanic ne laisse pas indifférent le socialiste Jean Jaurès puisque, le 17 avril 1912, il fait paraître dans son journal, l'Humanité, sous le titre "Triomphes et Revers", un édito fortement marqué par la confiance en la science et ses progrès. 

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/92/Titanic.jpg/220px-Titanic.jpg

" Glorieuse victoire ? Tragique défaite ! C'est un signe admirable de la puissance de l'esprit humain d'avoir pu annoncer avec tant de précision et de certitude le phénomène qui s'accomplit aujourd'hui. Libre à des esprits tourmentés et en quête de paradoxes de chicaner la science, sous prétexte qu'elle n'épuise pas l'infini dans ses formules et qu'elle n'immobilise point dans des lois éternelles la réalité changeante du monde. Et il est bien vrai que des faits nouveaux peuvent surgir du fond de l'immensité, qui modifieraient la marche de notre pauvre système solaire. Mais cela même, la science en rechercherait l'explication selon sa méthode et selon son esprit.

C'est une autre grande victoire de la pensée humaine d'avoir lancé sur les mers des monstres de métal comme le Titanic. Et quoique les navires appelés par la télégraphie sans fil au secours du Léviathan blessé soient arrivés trop tard, c'est une magie, la magie de la science, la magie de la pensée, de pouvoir ainsi jeter à l'espace de muets appels de détresse auxquels les coeurs répondent de tout leur élan.

Ah! oui, malgré toutes les forces de la science, l'homme ne domptera jamais toutes les chances mauvaises, comme il ne lui suffira pas d'enchaîner les formules aux formules pour toucher le fond du mystère. Mais la gloire de l'homme est de poursuivre sans peur, jusqu'à l'infini, la conquête des choses. Il en pénétrera d'autant mieux l'âme profonde et le secret intérieur qu'il en aura mieux saisi les rapports. Discréditer la science ou la chicaner, ce n'est pas exalter les facultés mystiques de l'âme, c'est la appauvrir au contraire et les égarer.

La foi dans la raison, le besoin de la pensée claire sont une partie nécessaire de cette action que les prétendus interprètes des générations nouvelles confondraient volontiers avec l'abdication de l'intelligence. Les passagères défaites ne sont qu'une excitation tragique à redoubler d'efforts, à éclairer au loin d'une faisceau plus intense de clarté le trouble océan des choses. Et du gouffre même où le Titanic a sombré monte vers l'avenir une rumeur sublime de courage, d'espérance et de pensée".

(Jean Jaurès)

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 18:18

(oui, oui, déjà diront certains !) et ils n'hésitent pas à le faire savoir comme en témoigne cet article du journal Le Matin du 08 janvier 1912 où s'exprime leur mécontentement.

 

 

 

Mais quel était donc l'objet de leur ire il y a un siècle ? 

 

"Les professeurs d'histoire sont inquiets et mécontents. Dans leur récente assemblée générale, ils ont protesté avec énergie contre un projet dont l'adoption, s'il faut les en croire, équivaudrait au "sabotage" de leur enseignement.

Voici comment l'un d'eux nous a exposé leurs griefs:

- Le projet en question se propose d'abord de nous retirer purement et simplement l'enseignement de l'histoire dans les classes de sixième et cinquième pour en charger - ou plutôt en surcharger - les professeurs de grammaire. Admirez en passant cette idée ingénieuse de confier un enseignement à des maîtres qui n'y ont nulle compétence et que leurs propres leçons occupent du reste !

Mais ce n'est pas tout. On veut d'une manière générale, diminuer le nombre de nos cours, et par suite amputer les programmes d'études.

L'histoire des peuples d'Orient disparaîtrait dans l'aventure. Les Egyptiens, les Assyriens, les Hébreux partageraient désormais le sort des infortunés Chinois, dont les cinquante siècles de civilisation sont, aux yeux de la pédagogie, comme s'ils n'existaient point.

Bien entendu l'Antiquité classique pâtirait, elle aussi. On ne l'enseignerait plus que par anecdotes, c'est à dire que les élèves connaîtraient l'histoire de la queue du chien d'Alcibiade*, ou celle d'Annibal qui faisait fondre les Alpes dans du vinaigre*, mais qu'ils ignoreraient qui fut César.

Disparition non moins totale de tout le haut moyen âge. Quant au bas moyen âge, il subsisterait comme thème à "notions générales".

Voila le péril dont nous sommes menacés et que court également la bonne culture. Dernière anomalie: toutes les matières que l'on voudrait supprimer continueraient à figurer au programme des jeunes filles ? Pourquoi ?"

 

Et nous convînmes volontiers avec notre interlocuteur qu'il serait insupportable en effet que nos filles pussent "coller" leur mari sur Sémiramis, ou même sur la querelle des Investitures...

 

* L'histoire de la queue du chien d'Alcibiade fait référence à l'un des moyens dont celui-ci fit usage pour que l'on parle de lui: Selon Plutarque, Alcibiade avait un chien d'une taille et d'une beauté étonnantes, qu'il avait payé soixante-dix mines . Il lui coupa la queue, laquelle était magnifique. Comme ses amis le blâmaient, et lui rapportaient que tous se répandaient en critiques mordantes à propos de ce chien, Alcibiade éclata de rire : "C'est exactement ce que je souhaite. Je veux que les Athéniens parlent de cela ; ainsi, ils ne diront rien de pire sur moi."

 

* Annibal faisant fondre les Alpes dans du vinaigre: référence à un passage de Tite-Live qui raconte que pour se frayer un chemin, les Carthaginois abattirent un certain nombre d'arbres auxquels ils mirent le feu. Attisé par un vent violent, celui-ci se propagea et l'on versa du vinaigre sur la roche calcinée, achevant de la rendre friable, pour pouvoir créer un passage.

 

Bizarre, en tout cas, comme certaines idées ont la vie dure: c'est ainsi que l'idée de "primariser" les niveaux 6ème et 5ème sont à nouveau à l'ordre du jour chez les plus éminents pédagogistes au prétexte que la 6ème traumatise les enfants !

 

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