Je m'étais promis de ne pas aborder de thèmes politiques sur ce blogue-ci, aussi est-ce plus sous l'angle de la nostalgie et des souvenirs personnels que je "célébrerai" l'anniversaire du 10 mai 1981 qui vit l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République.
J'étais alors en Cm1, je venais d'avoir 10 ans deux mois auparavant et sans rien connaître ni de son appartenance politique, ni du contenu de son programme politique, il était évident du haut de mes 10 ans qu'il ne pouvait être que le Sauveur, celui que la France attendait avec impatience pour mettre fin à la situation chaotique que nous rencontrions avec Giscard. Il faut avoir vu les piquets de grèves impressionnants devant l'usine où mon père travaillait qui témoignaient des difficultés croissantes dans lesquels les ouvriers se débattaient et que nous étions parfois obligés de traverser, il faut avoir entendu ces terribles paroles: "Ils l'ont tué" parlant de Pierre Maître assassiné devant cette même usine en 1977, il faut aussi avoir vécu le chômage partiel de son père qui était le seul à faire rentrer l'argent à la maison, cette mère qui n'osait plus sortir, s'enfermait et envoyait son fils chercher le pain et le journal du matin pour ne plus avoir les voisins et les voisines à rencontrer lequel devait "subir" leurs questions du style: " Votre maman va bien ?" - que répondre ? -.
Il faut enfin avoir eu une tante qui fut retrouvée morte en 1980, allongée sur son lit entourée d'objets religieux et dont toute la famille répétait qu'elle s'était laissée mourir de faim - il est vrai qu'elle s'était signalée par le bris de la vitrine du magasin local en signe de colère ou de désespoir - enfin j'imagine.
Oui, ce sont des événements qui marquent dans la vie d'un enfant, qui donnent "la haine" et qui donnèrent à cette élection, la première vraie élection que je connaissais étant trop jeune pour garder aucun souvenir de la précédente, ce relief particulier d'espoir et d'attentes de miracles.
Des miracles, Mitterrand n'en a pas fait, mais il y eut tout de même quelques lois sociales importantes: les 39h/semaine, la 5ème semaine de congés payés, la retraite à 60 ans ... C'est d'ailleurs la dernière fois que la gauche faisait quelque chose pour les ouvriers - et ça commence à dater sérieusement -, raison pour laquel ils votent aujourd'hui majoritairement pour le FN - du moins ceux qui restent - et ont largement abandonné la gauche en général et le PS en particulier.
Le chômage qui continuait de monter (sans parler du drame social des mineurs) eut d'ailleurs raison des espoirs de 1981 qui fut comme "Le printemps de la France", mais 1981 et les deux ans qui suivirent restent un endroit à part dans ma mémoire, une brève embellie dans un ciel morose, doublé d'une nostalgie du temps perdu et d'une "tendresse" particulière pour ce personnage de Mitterrand qui n'eut peut-être qu'un seul tort, faire un deuxième mandat qui lui, fut calamiteux.