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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 21:26

La fille de Vercingétorix, 38ème album d'Astérix et le 4ème sous la direction de Ferry et Conrad, fait suite à Astérix et la Transitalique (2017), au Papyrus de César (2015) et à Astérix chez les Pictes (2013).

A la première lecture, le scénario, même s'il repose sur une trame intéressante, peut sembler très banal; on peut même trouver qu'Adrénaline - certains ont fait la comparaison - est une bien pâle copie de Greta Thunberg, sans doute parce que son personnage n'a que très peu à voir avec ladite Greta puisqu'il symbolise plutôt la France. C'est d'ailleurs quand on a compris cela qu'on peut relire le scénario avec un autre œil et s'apercevoir que, derrière son apparente banalité, se cache un propos plus sérieux, ce qui rend cet album somme toute plus intéressant que les trois précédents.

Le point de départ est le suivant: Adrénaline, fille de Vercingétorix, a été élevée, après la défaite de son père, par deux Arvernes qui veulent la faire passer en Angleterre pour échapper à César et au traitre Gaulois Adictosérix qui cherche à récupérer le torque que son père lui a confié avant sa reddition. Mais Adrénaline qui, comme tous les jeunes, trouve ringarde la façon dont vivent les adultes, si elle a du caractère, n'a pas du tout la fibre guerrière: elle ne comprend pas qu'on se serve d'elle comme d'un symbole de lutte anti-romaine sans lui demander son avis et, surtout, elle se rêve en gothique baba-cool héritière de Joséphine Baker à la recherche de l'île de Thulé, l'île aux fleurs, où elle se voit élever des enfants orphelins comme Joséphine aux Milandes (on est quand même loin de Greta Thunberg). En attendant, c'est au célèbre village gaulois d'Armorique qu'elle a été confiée et qu'elle tente de fuguer avec la complicité du fils du forgeron et du fils du poissonnier, Selfix et Blinix qui, il faut le dire, ne respirent pas l'intelligence.

D’emblée, ce qui marque aussi cet album, ce n'est pas le comique des situations et des dialogues qui, dans l'ensemble, restent plutôt légers et discrets que le relatif effacement d'Astérix et d'Obélix au profit de personnages plus ou moins connus des précédents albums et notamment des pirates qui ont une vraie place cette histoire.

D'autre part, le scénario semble avoir été construit pour un album qui aurait pu paraître avant le Bouclier arverne, donc avant 1968 (c'est ce que l'on peut déduire des propos de certains protagonistes), les références à cette période des années 60 et du tout début des années 70 pouvant transparaître à travers Monolitix (de Gaulle), Adrénaline (au physique de Brigitte Bardot ou de Michèle Mercier), Letitbix (référence à Let It Be) qui dirige un bateau très "peace and love", Lino Ventura qui commande une galère romaine ou Aznavour en pirate éméché en permanence, tout en s'ancrant aussi dans notre monde actuel avec Adictosérix, le traitre au physique de Brigitte Macron masculinisée et s'exprimant comme son mari sur les Gaulois arriérés et réfractaires au changement, les fils d'Ordralfabétix et de Cétautomatix en stage d'insertion ou le trio Selfix, Blinix et Adrénaline, jeunes critiques de notre société, des ados rebelles mais pas trop (pour le coup bien loin des ados révoltés des 70's, de la jeunesse étudiante des années 80 et de celle qui lutta contre Juppé ou de Villepin), dont deux deviennent accros à la potion magique (référence au cannabis ?). De même, certains liront dans le duo Monolitix (de Gaulle) et Ipocalorix (au physique de Raimu plus que de Churchill), les pères adoptifs d'Adrénaline, une prise de position en faveur de l'homoparentalité et verront dans les critiques sur la composition de la potion magique qui ferait grossir et sur la sur-chasse aux sangliers, l'expression des préoccupations modernes sur l'écologie et la méfiance accrue sur la qualité de ce que l'on mange. Peut-être pourra-t-on aussi voir, dans l'exaspération d'Adrénaline à ne jamais être consultée sur son avenir, celle des Français telle qu'ils l'ont exprimée plus ou moins maladroitement à travers la revendication du referendum d'initiative citoyenne.

En tout cas, le message final de l'album semble clair:

- la France n'appartient à personne et personne ne peut s'en dire le défenseur sans la consulter préalablement

- l'essence-même de la France, même si sa destinée n'est plus dans la recherche de la gloire des combats militaires, c'est d'abord d'avoir du caractère, d'être capable de résister et de rester toujours en capacité de choisir librement son destin: c'est en cela qu'elle sera la digne héritière de Vercingétorix, de de Gaulle et de Raimu.

A noter aussi, qu'à la fin de l'histoire, le traitre Adictosérix est neutralisé par Adrénaline et qu'il finit à la mer, fidèle à ses convictions mais poursuivi par des requins qui, on le devine, finissent par le dévorer. Une préfiguration du futur destin de Macron ?

 

 

 

 

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