La lecture que je viens d'achever de "La couleur des sentiments", fut une bonne surprise. Ecrit pour être lu par une majorité de personnes, avec tous les travers que cela peut comporter parfois dans ce style de littérature, ce livre a le mérite de trouver un bon équilibre entre procédés pour maintenir le lecteur en haleine et volonté de ne pas en faire des tonnes dans le mélodramatique; même les personnages, sauf exceptions, n'ont rien de caricaturaux et l'auteur a évité d'en faire des super-héroïnes de "la cause noire", ce qui les rend plus crédibles.
Enfin, l'ouvrage n'oublie pas que la déségrégation fut aussi possible parce que certains blancs surent ouvrir les yeux et participer à l'évolution des comportements.
Aussi est-ce sans énervement qu'on se laisse conduire jusqu'à la dernière ligne d'une histoire qui, tout en traitant des rapports entre les femmes blanches et leurs bonnes dans les années 60 dans le Mississippi à l'époque de la ségrégation, va bien au-delà, en évitant les sempiternels passages obligés de toute évocation de l'Amérique des années 60 (Kennedy ou le Vietnam sont juste mentionnés à titre anecdotique) et le manichéisme, pour s'adresser, par delà l'espace et le temps, à toutes les femmes qui ont l'habitude d'employer du personnel à leur service.

Un film sorti en 2011 et réalisé par Tate Taylor en est inspiré, mais ne l'ayant pas vu, j'aurais bien du mal à porter le moindre jugement sur celui-ci et à le comparer avec le livre dont il est issu.