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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 18:18

Poème de circonstance au regard du temps maussade, cette célèbre complainte, mise en musique plus tard par Brassens, fut écrite par Paul Fort, né à Reims le 1 er février 1872, fils d'un agent d'assurances et proclamé plus tard, en 1912, prince des poètes ainsi qu'il est inscrit en marge de son acte de naissance.

 

http://storage.canalblog.com/12/15/174955/14138412.jpg

Le petit cheval dans le mauvais temps,
Qu'il avait donc du courage!
C'était un petit cheval blanc,
Tous derrière et lui devant.

 

Il n'y avait jamais de beau temps
Dans ce pauvre paysage,
Il n'y avait jamais de printemps,
Ni derrière, ni devant.

 

Mais toujours il était content,
Menant les gars du village,
A travers la pluie noire des champs,
Tous derrière et lui devant.

 

Sa voiture allait poursuivant
Sa belle petite queue sauvage.
C'est alors qu'il était content,
Eux derrière et lui devant.

 

Mais un jour, dans le mauvais temps,
Un jour qu'il était si sage,
Il est mort par un éclair blanc,
Tous derrière et lui devant.

 

Il est mort sans voir le beau temps,
Qu'il avait donc du courage!
Il est mort sans voir le printemps
Ni derrière, ni devant.

 

 

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 17:55

L'un des poèmes les plus célèbres de Rimbaud, c'est aussi l'un des premiers poèmes que l'on me fit apprendre en primaire, raison pour laquelle j'ai conservé un attachement particulier  avec lui

 

http://lewebpedagogique.com/bourguignon/files/2009/05/affiche-rimbaud.jpg

 

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 21:49

http://acoeuretacris.a.c.pic.centerblog.net/3687301696_a8d94b63e9-184515f.jpg

 

Petit détour en ce week-end par la plume classique mais non dénuée d'esthétisme d'André Chénier, exécuté sous la Terreur en 1794.

La jeune Tarentine

Pleurez, doux alcyons ! ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez !
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine !
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine :
Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Une clef vigilante a, pour cette journée,
Sous le cèdre enfermé sa robe d'hyménée
Et l'or dont au festin ses bras seront parés
Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés.
Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles,
Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles
L'enveloppe : étonnée, et loin des matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.

Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine !
Son beau corps a roulé sous la vague marine.
Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocher
Aux monstres dévorants eut soin de le cacher.
Par ses ordres bientôt les belles Néréides
S'élèvent au-dessus des demeures humides,
Le poussent au rivage, et dans ce monument
L'ont, au cap du Zéphyr, déposé mollement ;
Et de loin, à grands cris appelant leurs compagnes,
Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes,
Toutes, frappant leur sein et traînant un long deuil,
Répétèrent, hélas ! autour de son cercueil :
" Hélas ! chez ton amant tu n'es point ramenée,
Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée,
L'or autour de tes bras n'a point serré de noeuds,
Et le bandeau d'hymen n'orna point tes cheveux.

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 18:46

Il y a longtemps que je n'avais alimenté la rubrique "poèmes du week-end". Voici chose faite avec un écrivain bien oublié aujourd'hui, Catulle Mendès, mort en février 1909 dans des circonstances mal éclaircies:son corps fut retrouvé sans vie dans le Tunnel de chemin de Fer dit " Le Parterre", près de St-Germain-en-Laye. L'enquête conclut à un accident, le poète étant, semble-t-il, tombé accidentellement du train.

 

http://1.bp.blogspot.com/_c9Ka9Jvx1go/S_vG2DzfI6I/AAAAAAAABp8/rvxlnM2JOYk/s1600/chatte-sur-un-toit-brula-ii05-g.jpg

 

Reste. N'allume pas la lampe. Que nos yeux
S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
De leurs ondes sur nos baisers silencieux.

Nous sommes las autant l'un que l'autre. Les cieux
Pleins de soleil nous ont trompés. Le jour nous blesse.
Voluptueusement berçons notre faiblesse
Dans l'océan du soir morne et délicieux.

Lente extase, houleux sommeil exempt de songe,
Le flux funèbre roule et déroule et prolonge
Tes cheveux où mon front se pâme enseveli...

Ô calme soir, qui hais la vie et lui résistes,
Quel long fleuve de paix léthargique et d'oubli
Coule dans les cheveux profonds des brunes tristes.

 

(Soirs moroses, 1876)

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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 20:32

Paru en 1866 dans les Poèmes Saturniens, Mon rêve familier est sans doute l'un des poèmes de Verlaine qui touche le plus l'âme humaine, la mienne en tout cas: j'aime son apparence simplicité, sa franchise, ces mots qui dévoilent et retiennent à la fois.

 

http://www.pileface.com/sollers/IMG/jpg/bernin_extase_560.jpg

(L'extase de Ste-Thérèse, Le Bernin)

 

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 17:10

Le Dormeur du Val est sans doute l'un des poèmes les plus connus du poète ardennais Arthur Rimbaud, né à Charleville en 1854, et en tout cas, l'un de mes préférés.

Sans doute fut-il inspiré au jeune homme par les suites de la bataille de Sedan  -ville ardennaise - qui devait entraîner l'écroulement du Second Empire après la défaite des armées impériales en septembre 1870.

 

http://www.museumsyndicate.com/images/4/30641.jpg

(Gustave Courbet, l'homme blessé, 1844)

 

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

 

(Arthur Rimbaud, octobre 1870)

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16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 16:40

http://oceanelle.files.wordpress.com/2011/02/1276-4-4cb5a.jpgJean Lahor, de son vrai nom Henri Cazalis, était un médecin et poète français né en 1840 et mort en 1909.

 

L'épervier d'Allah

 

Ô mon âme, épervier d’Allah, d’un vol altier
Viens et monte, et planant sur l’univers entier,
Embrassant d’un regard toutes les créatures,
Les formes d’autrefois et les formes futures,
Ces apparitions, des visions d’un jour,
Qui font trembler les coeurs de terreur ou d’amour,
Contemple l’océan des effets et des causes,
Et médite devant le spectacle des choses.
Comme la mer qu’agite et que pousse le vent,
Vois-tu rouler au loin dans l’infini vivant
Les générations qui naissent et qui meurent ?
Parmi les bruits confus, entends-tu ceux qui pleurent ?
Entends-tu se mêler le rire et les sanglots,
Pareils à la clameur monotone des flots ?
Mortel, as-tu compris que tout n’est qu’apparence,
Et ton orgueil encor garde-t-il l’espérance
De remplir tous les temps futurs de son néant ?
– Pourtant, plonge sans peur en ce gouffre béant,
Ainsi que l’épervier plongeant dans la tempête :
Car ce grand rêve une heure a passé dans ta tête ;
Tu fus la goutte d’eau qui reflète les cieux,
Et l’univers entier est entré dans tes yeux :
– Et bénis donc Allah, qui t’a pendant cette heure
Laissé, comme un oiseau, traverser sa demeure.

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