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29 décembre 2022 4 29 /12 /décembre /2022 21:22

Astérix et le griffon est le 39ème album d'Astérix et le 5ème produit par le duo Ferry-Conrad.

Ce nouvel album n'est ni mauvais, ni bon, juste gentillet sans plus, avec un griffon qui, malgré le titre de l'album, ne joue aucun rôle dans l'histoire, Astérix de plus en plus mis à l'écart de ses propres aventures - et ici carrément privé de potion magique pour cause de gel - et des guerrières sarmates qui ne le sont guère qu'en paroles car, comme nos héros gaulois, elles sont surtout réduites à faire de la figuration. Tout cela est très problématique et, quand on referme l'album, malheureusement, on n'en retient finalement pas grand chose.

Le seul intérêt de l'ouvrage, c'est de se moquer de la seule vraie ambition de Michel Houellebecq, croqué sous les traits du géographe Terrinconnus et de faire des jeux de mots liés aux réseaux sociaux. Mais ça ne va pas au-delà et c'est bien dommage. A noter aussi qu'il est très pénible de lire du pseudo-sarmate, une langue où tous les E sont inversés.

Pas convaincu que les aventures du petit Gaulois puissent encore durer bien longtemps si nos héros gaulois ne retrouvent pas plus de vigueur et une place plus centrale et essentielles dans leurs propres aventures.

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11 avril 2021 7 11 /04 /avril /2021 20:53

J'avais déjà dit tout le bien que je pensais de Solide, le précédent album de Sheila ici et j'en dirai encore plus de Venue d'ailleurs qui est sorti en ce début avril 2021. Les auteurs et les compositeurs qui ont travaillé avec elle ont vraiment fait un travail remarquable, soigné, et la voix de Sheila s'y ajuste avec un tel naturel qu'on oublie presque parfois que c'est la voix d'une personne de 75 ans. Un vrai travail d'orfèvre qui dégage beaucoup d'émotion et d'osmose, y compris dans son duo avec Jason Scheff pour une chanson très générique de série des années 80 qui a juste ce qu'il faut de démodé pour se faire apprécier. Finalement, et c'est paradoxal, c'est peut-être le titre composé par Nile Rodgers, qui n'est pourtant pas un navet, qui finit par être celui qui est le plus banal. C'est dire si, avec cet album, Sheila frappe un grand coup.

En tout cas, quelque chose ne trompe pas, c'est le nombre de médias qui spontanément s'intéressent à lui et ont décidé d'en faire la promotion. Incontestablement, il se passe quelque chose avec ce 27ème opus qui est sans doute l'un des plus réussis de sa carrière et la fait revenir de plein-pied au devant de la scène. Après cela, plus personne, sauf les mauvais coucheurs, ne pourra dire que Sheila, c'est ringard et on attend déjà avec impatience un 28ème album qu'on espère du même niveau que celui-ci. En attendant, Venue d'ailleurs s'impose déjà comme l'un des albums incontournables de cette année 2021.

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7 mars 2021 7 07 /03 /mars /2021 15:56

Etienne-Nicolas Méhul, musicien fécond de la Révolution et de l'Empire, né à Givet, dans les Ardennes, en 1763 et mort en 1817 à Paris, à 54 ans, n'est plus guère connu aujourd'hui que pour avoir composé le Chant du départ.

Pourtant, il a laissé derrière lui une oeuvre importante et variée (sonates, opéras, symphonies, musiques chantées...) qui fit l'admiration de ses contemporains, mais aussi d'Hector Berlioz et de la première génération romantique.

Je vous laisse écouter sa Première symphonie, composée en 1808/1809, quelque chose entre Mozart et Beethoven.

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7 mars 2021 7 07 /03 /mars /2021 15:48

Il ne resterait vraisemblablement rien aujourd'hui de ce film mineur de 1952 avec Jean Boyer aux manettes et au scénario improbable (un simple d'esprit qui doit retourner à l'école pour passer son certificat d'étude afin d'hériter de l'auberge du Trou Normand), malgré Bourvil en vedette, les débuts de Brigitte Bardot à l'écran, Roger Pierre dont on découvre qu'il a été jeune un jour, et la présence d'excellents seconds rôles du cinéma français (Noël Roquevert, Pierre Larquey, Jeanne Fusier-Gir, Jane Marken), s'il ne transportait avec lui un léger parfum de nostalgie d'un pays au charme éternel, sorti de la guerre depuis seulement sept ans à peine, qui a repris le cours de son existence normale.

Courteville en 1952 (ou plutôt La Vieille-Lyre et La Neuve-Lyre, dans l'Eure), ses voitures du temps où les voitures avaient encore de l'allure et faisaient rêver, sa campagne verdoyante que les lotissements modernes n'ont pas encore défigurée, ses petits commerçants qui n'ont pas encore été éradiqués par les grandes surfaces... sont un peu comme une petite madeleine que l'on déguste en regrettant que la machine à remonter le temps n'existe pas.

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7 mars 2021 7 07 /03 /mars /2021 15:41

... non, Anne-Aymone "je n'ai pas changé, je suis toujours celui qui t'a aimé, qui te parlait sans jamais t'écouteeeer" !Vous vous souvenez quand on dansait sur ce tube de C. Jérôme pour rendre jaloux Chaban et Messmer?

Aaaahhh ! Hé bien, figurez-vous, Anne-Aymone, que Sarkozy, il a dit que les vieux devaient travailler plus longtemps ! Alors voila ! avec Danièle Gilbert, il nous est venu une idée ! Que je sois candidat à l'Elysée en 2012 ! Les Français vont adorer retrouver leur vieux Valéry; ça va leur rappeler toute leur jeunesse ! Ca va faire un tabac, comme la tournée d'Age tendre avec Sheila et Stone et Chardeeeeen ! Vous verriez le monde que ça attire, Anne-Aymone ! D'ailleurs, j'ai demandé à Didier Barbelivien d'organiser ma campagne pour que ça fasse plus swing ! Il a même écrit une chanson pour moi où je joue de l'accordéon ! "Le plus beau de tous les Giscard du monde", ça s'appelle ! Ca a de la gueule, non ?

Puis, figurez-vous, Anne-Aymone, que j'ai l'âge de la reine d'Angleterre, elle est aussi jeune que moi et elle est toujours là ! Alors vous voyez ? Donc, je fonce à Chamalières dans ma vieille DS élyséenne en évitant le camion du laitier cette fois et j'annonce ma candidature ! C'est décidéééé !

Et j'annonce aux Français un tas de réformes: la majorité et le vote à 14 ans ! Toujours pour les jeunes, je créerai la Journée où ils auront droit de tabasser leurs profs, comme ça les profs seront tranquilles tout le reste de l'annéeee !

Pour les vieux, la création de Radio-Vieux, une radio spécifiquement destinée au 3ème âge avec des tas de conseils pour eux: comment faire en cas de canicule, comment piquer le pain de la maison de retraite, comment bien laver son dentier, que retenir des Feux de l'amour ? Je promets aussi , si je suis élu, le retour de Derrick dans toutes les maisons de retraite et de Danièle Gilbeeert le midi !

Je ferai organiser avec l'aide de Drucker, vous savez, ce jeunôt qui présente "Dimanche, ronflez devant votre télé", une émission de télé-réalité pour recruter de nouveaux Zitrone et Guy Lux !

Enfin, pour résoudre la crise, j'embaucherai le meilleur économiste de France, DSK ! Celui qui produit du liquide plus vite que son ombre !

Non, croyez-moi, Anne-Aymone, c'est la meilleure solution pour notre retraite, l'Elysée ! Puis avec ce qui me reste des diamants de Bokassa Ier, on va pouvoir se la couler douce ! Surtout avec Méhaignerie comme premier ministre !

J'ai même déjà rédigé mon premier discours pour rendre aux Français l'espoir !

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7 mars 2021 7 07 /03 /mars /2021 15:25

La main est sans doute avec le coeur et la tête, l'une des parties les plus symboliques du corps humain. Que de grâce, que de puissance, que de pouvoir, que d'affects ne lui attribue-t-on pas ?

Main de Dieu, du Diable ou du Destin, elle est cette puissance tutélaire invisible et supérieure dont les décrets incompréhensibles et terribles peuvent choir à tout moment sur nos épaules pour nous rappeler à notre condition de mortel.

Main de justice, elle est la rigueur de la loi dans toute sa puissance, celle qui saisit le criminel au collet pour le contraindre à payer.

Main du pouvoir, elle peut être bienveillante, tyrannique, menaçante ou de fer dans un gant de velours; elle est cette main qui ordonne la St-Barthélemy, cette autre qui fait fusiller le duc d'Enghien dans les fossés de Vincennes, cette autre encore qui caresse Fouquet pour mieux le disgrâcier le lendemain ou cette autre enfin qui grâcie Philippe Maurice, le dernier condamné à mort.

Main de maître, elle est cette maîtrise absolue, cette suprême adresse qui fait emporter la partie avec brio.

Coup de main, elle est cette aide précieuse que l'on accorde à quelqu'un pour le meilleur ou pour le pire.

Créatrice, elle est ce pouvoir de forger, pétrir, fabriquer, inventer ... celle par laquelle on se sent presqu'un dieu.

Petite main, elle est ces milliers de mains féminines cousant avec une application méticuleuse dans les ateliers de confection du XIXème et du début du XXème siècle.

Liée, elle est inutile et prive l'individu de sa liberté, raison pour laquelle il n'est pas pressé de la perdre.

Passée, elle est ce témoin, ce relais que l'on transmet.

Poignée, elle est ce bonjour ou cet accord tacite passé entre deux individus.

Caressante, elle est celle qui a le pouvoir de donner du plaisir, de consoler, de rassurer ou de donner confiance.

Donner sa main à quelqu'un, c'est s'abandonner à lui, la lui accorder, c'est lui donner sa confiance, une confiance totale et absolue.

Immixtio manuum, elle est ce moment de la cérémonie de l'hommage vassalique ou le vassal vient placer sa main entre celles de son suzerain pour montrer qu'il accepte la protection de celui-ci.

Définie par les dictionnaires comme servant à tenir, prendre, toucher, donner, recevoir, exécuter ..., elle est, en fait, l'instrument visible qui "exécute" les sentiments quels qu'ils soient, celle à qui le cerveau commande, celle par laquelle l'Homme forge son propre avenir.

D'ailleurs, celui-ci ne se lit-il pas dans les lignes de la main ?

En somme, la main est le symbole-même du pouvoir que chaque individu possède d'agir, d'être heureux ou de se rendre heureux - au moins de tenter de -, mais aussi le moyen par lequel il appréhende le monde.

Car la main est cet objet qui touche, gratte, sent par le contact, donne l'expérience du monde et des choses: ceci est doux, ceci brûle, ceci est froid, ceci mouille ... elle est ce besoin sensuel du cerveau par lequel il manifeste son désir de n'être plus seul et de s'abandonner au plaisir, de se reposer dans le berceau de l'amour des tourments que sa puissance sans cesse provoquée crée.

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7 mars 2021 7 07 /03 /mars /2021 15:23

En 1883 était représentée pour la première fois à Vienne la Troisième symphonie composée par Johannes Brahms dont j'aime particulièrement le troisième mouvement qui m'évoque souvent l'image d'un  homme au soir de sa vie contemplant son passé

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7 mars 2021 7 07 /03 /mars /2021 15:19

Film de Nicholas Ray, sorti en 1954, avec dans les principaux rôles Joan Crawford (Vienna), Sterling Hayden (Johnny Guitar), Mercedes McCambridge (Emma) et Scott Brady (Dancing Kid).

Construit comme une pièce de théâtre à l'antique, il repose sur la haine qu'Emma, grande propriétaire terrienne et incarnation du conservatisme et du puritanisme voue à Vienna, venue installer un saloon dont elle espère tirer profit dès que la ligne de chemin de fer sera achevée, à partir d'un quiproquo amoureux: Dancing Kid, amant occasionnel de Vienna la poursuit d'un amour non-partagé, mais il est aimé - sans que celle-ci ne se l'avoue - par Emma qui ne souhaite que voir disparaître celle qui lui a volé "son" homme, tandis que Vienna a fait appel pour la seconder à Johnny Guitar, ex-pistolero à la gachette facile connu autrefois sous le nom de Johnny Logan, un homme pour lequel elle éprouve une passion réciproque mais duquel elle s'est séparée cinq années auparavant.

C'est aussi un western féministe où s'affrontent deux maîtresses femmes, Emma, véritable veuve noire qui tente d'utiliser la meute qui la suit et qu'elle a entraîné dans sa vengeance, persuadée que Vienna, de mêche avec Dancing Kid, est reponsable de la mort de son frère et de l'attaque de la banque et Vienna qui entend se défendre seule et qui refuse toute protection mâle qui pourrait lui ôter son indépendance, au point de refuser à Johnny Guitar le droit d'user de la moindre arme à feu pour voler à son secours.

Significativement d'ailleurs, le duel final est bien entre les deux femmes et non entre deux hommes au contraire des westerns traditionnels.

C'est encore un film sur la violence et les phénomènes de foule dont le répertoire est emprunté à l'actualité de l'époque à laquelle le film fut tourné et qui correspond à celle de la chasse aux sorcières.

Enfin, c'est un film sur les rapports amoureux et leur complexité: Emma semble avoir une sexualité ou plutôt une non-sexualité difficile à assumer et à analyser (bisexualité ? lesbianisme ?), Dancing Kid agit comme un macho auquel on chercherait à voler sa poule et Johnny Guitar, désireux de ne pas commettre une nouvelle fois les erreurs qui ont pu l'éloigner de Vienna autrefois, refuse désormais d'entraver de la moindre façon que ce soit l'action de Vienna pour qu'elle puisse préserver sa liberté, annonçant peut-être le couple moderne du futur, celui où l'épouse ne serait plus contrainte par l'obéissance et la soumission à son mari ou aux mâles.

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31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 21:01

En ce début des années 50, la vie privée - ou supposée telle -  des têtes couronnées et des célébrités du cinéma et de la chanson s'expose de plus en plus à la une et dans les colonnes de magazines: il s'agit de les rendre plus humaines et ainsi de les rapprocher du lecteur dans un mouvement de partage affectif.

Le monde politique, évidemment, n'échappe pas à cette vogue quoique depuis la fin du XIXème siècle, la grande presse populaire ait déjà pris la peine d'entrouvrir les portes en nous glissant par exemple, dans l'intimité des présidents de la République à l'occasion de leur élection: c'est ainsi qu'en 1913, on n'ignore rien ou presque de ce qui est racontable sur le nouvel élu Raymond Poincaré et notamment de sa passion pour les animaux.

Ce qui change, dans les années 1950, c'est qu'à cette volonté des médias qui cherchent à émouvoir pour faire vendre, puissamment relayée par l'essor du photo-reportage, s'ajoute le besoin et je dirais même plus le désir, pour les hommes politiques les plus en vue, dans le contexte de la IVème République où les crises ministérielles sont si nombreuses, d'attirer l'attention, de se faire remarquer et de créer un lien de sympathie avec les Français pour ne surtout pas être oubliés et se faire un nom. Certains, à ce petit jeu, se révèlent d'ailleurs plus habiles que d'autres: c'est le cas d'Antoine Pinay qui cultive son image d'honnête homme sans ambition particulière, arrivé au pouvoir un peu par hasard et qui passe pour incarner le "bon sens" près de chez vous tandis que d'autres bénéficient de véritables campagnes de publicité à l'instar de Pierre Mendès-France, on pourrait presque dire "construit' par l'Express de Jean-Jacques Servan-Schreiber.

C'est dans ce contexte que, le 26 décembre 1953, Paris-Match nous fait pénétrer au 5 quai des fleurs, à Paris, au domicile de René Coty, nouveau président de la République et de son épouse et, le fait qu'ils aient accepté, prouve qu'on est en  train de changer d'époque et que l'on entre dans l'ère où les hommes politiques acceptent désormais, volens nolens, d'être mis en scène et montrés au public dans un scénario écrit d'avance. Voici donc René Coty, Français moyen ordinaire, propriétaire seulement depuis 3 semaines de l'appartement qu'il habite depuis 10 ans et menant une vie de famille tranquille au milieu de ses deux filles et de ses dix petits-enfants (9 filles et un garçon) qu'il rejoint le week-end dans leur maison d'Etretat. Du reste, Monsieur Coty a un train de vie modeste: il n'a qu'une seule bonne à son service, un Normande prénommée Micheline; Madame Coty lui sert volontiers la soupe quand elle ne se livre pas à sa passion pour la pâtisserie et, le soir, en simple pyjama, le futur président cède souvent à la joie d'écouter sur le nouveau tourne-disques qu'il vient d'acheter, de la musique classique et notamment la collection des symphonies de Beethoven offerte par ses petits-enfants, photographies à l'appui.

Tout, pourtant, ne semble pas faux dans ce portrait intime du nouvel élu. comme Georgette Elgey le raconte dans son Histoire de la IVème République, soulignant "une personnalité attachante, complexe et naïve, tout à la fois sûre de ses convictions et certaine de la fragilité du jugement humain".

Né au Havre en 1882, descendant d'une lignée d'instituteurs catholiques du pays de Caux, René Coty éprouve une foi sincère qui explique peut-être que, durant toute sa présidence, et quelles que soient les difficultés qu'il ait eu à affronter, il puisse se dire "heureux" dans son journal inédit qu'elle a pu consulter grâce à l'obligeance de l'écrivain Benoît Duteurtre qui est l'arrière-petit-fils du président.

Politiquement modéré, il se range dans les pas de Jules Siegfried, député-maire du Havre et personnalité importante de la IIIème République. Il lui succède d'ailleurs comme député en 1923 et exerce sans discontinuer jusqu'en 1954, à la Chambre puis au Sénat et, s'il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940, il s'abstient, durant toute la guerre, de la moindre activité politique.

Profondément patriote, il s'engage dans l'armée en 1914 bien qu'il ait été réformé pour raison de santé et croit en la grandeur de la France, une France qu'il imagine, à la date du 15 août 1944, dans son journal, redevenant la première nation du monde par sa grandeur morale, son unité, l'ordre qu'elle saura concilier avec la liberté, ainsi que par ses sciences et ses arts, par sa primauté intellectuelle, par sa sagesse et par son énergie.

Avocat de formation, c'est aussi un homme profondément animé d'une volonté de lutte contre l'injustice. A ce titre, il se fait remarquer en 1910, à 28 ans, en devenant l'avocat d'un certain Jules Durand, syndicaliste révolutionnaire et poète, poursuivi pour incitation au meurtre à la suite de l'assassinat d'un non-gréviste lors d'une grève des dockers au Havre. Convaincu que celui-ci est victime d'une erreur judiciaire - Jules Durand a été condamné à mort -, Coty se bat, démontre le vide du dossier et obtient du président Fallières la grâce du condamné qui fut réhabilité par la Cour de cassation en 1918.

Cela ne l'empêche pas, en 1957, de laisser exécuter Jacques Fesch, fils de bonne famille condamné à mort pour avoir tué un policier et dont l'évolution spirituelle en prison l'a fortement impressionné. Certes, il aimerait beaucoup le gracier, mais craint une révolte policière. Aussi fait-il transmettre au futur condamné à mort, par l'intermédiaire de son avocat un message qui laisse songeur: "Dîtes bien à Jacques Fesch qu'il a toute mon estime et mon admiration et que je désirerais beaucoup le gracier, mais si je le fais, je mets en danger la vie d'autres policiers... Demandez-lui, je vous en prie, d'accepter ce sacrifice de sa vie pour que la vie d'autres gardiens de la paix soit préservée. S'il le fait, je lui en garderais une reconnaissance infinie."

Comme le dit Georgette Elgey, en conclusion de cet épisode: "La bonne conscience, la fidélité à ce qu'il juge son devoir, n'excluent pas chez René Coty une sorte d'inconscience ou d'innocence qui laisse pantois."

 

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28 décembre 2019 6 28 /12 /décembre /2019 20:28

Même si elle est dubitative sur bien des actions de Guy Mollet à la tête du gouvernement le plus long de la IVème République (février 1956 - mai 1957), Georgette Elgey dit avoir éprouvé une réelle sympathie pour l'homme auquel elle consacre de très nombreuses lignes, livrant quelques anecdotes au passage.

Fils d'un ouvrier tisserand et d'une femme de ménage et concierge dont l'appartement était situé dans une cave, elle est, par exemple, très frappée par sa dévotion filiale qui l'amène à préciser dans le Who's Who qu'il a une collection de poupées. "Parce que sa mère avait toujours regretté de ne pas en posséder, il les accumula sa vie durant, rapportant de chaque voyage à l'étranger, même officiel, un spécimen local".

De même est-elle très frappée par la modestie conservée par sa famille et lui-même, même parvenu aux plus hauts sommets. Ainsi, "Sa femme, ses deux filles et lui vivent au dernier étage d'un immeuble très modeste d'Arras. Et lorsque, président du Conseil, il décide de l'installation d'une salle de bains, l'exigüité de l'appartement exige qu'elle soit placée sur le palier, devenant ainsi le lieu de passage incontournable pour tout visiteur." D'ailleurs, sa femme et sa mère, invitées à Rambouillet en 1956 furent tellement gênées et mal à l'aise face aux ors déployés par la République, que jamais plus ni l'une, ni l'autre, n'accepteront plus de franchir le seuil d'un palais officiel s'il faut en croire l'auteur.

Enfin, elle révèle qu'il a failli coller une baffe magistrale à Hubert Beuve-Méry, directeur du Monde: c'était en décembre 1956 et Guy Mollet présidait un arbre Noël pour les enfants algériens. D'après Jacques Piette, interrogé par Georgette Elgey, Beuve-Méry, s'approche alors de Guy Mollet et lui reproche de s'occuper des enfants algériens mais de tuer leurs pères. "J'ai vu la main du président du Conseil se lever, je n'ai eu que le temps de m'interposer."

 

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